Le sexe dans le monde antique et dans l'Europe du Moyen-Âge
December 15, 2017
Le sexe: ses pratiques, ses tabous, ses interdits, ses fantasmes. Tout cela existe depuis que l'Homme est sur cette Terre. Il est essentiel à notre survie pour la reproduction de l'espèce. Le sexe occupe notre esprit. Souvent. Et on y consacre un temps non négligeable. Merci Dame Nature de nous avoir doté d'organes reproductifs liés directement au plaisir !
L'Histoire du sexe est donc aussi vieille que nous le sommes et comme nous, le sexe ou en tout cas ses pratiques et ses mœurs ont évolué, changé avec le temps.
Voici quelques anecdotes sur les pratiques sexuelles et les liens entre hommes et femmes de l'Antiquité et du Moyen-Âge en Europe ...
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ROME & GRÈCE ANTIQUE
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En Grèce Antique, il y a donc quelques années de cela, être une femme avec un minimum de liberté consistait à devenir "hétaïre", c'est-à -dire une prostituée de luxe bien éduquée et respectée contrairement aux épouses contraintes de rester à la maison afin de s'occuper de la descendance.
Démosthène, orateur athénien, écrivit ceci: "Nous avons des hétaïres pour le plaisir, des concubines pour les besoins quotidiens, et des épouses pour donner des enfants légitimes et tenir un foyer".
Vous l'aurez compris, l'homme avait très peu d'estime pour la femme qui avait bien peu de droits.
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Les relations conjugales n'étant pas au beau fixe et les épouses grecques étaient frustrées. Elles trouvèrent donc des alternatives à leur époux.Â
Avoir un amant pouvait être très dangereux s'il était découvert. La masturbation, vu comme un exutoire sain et non comme un vice, était largement pratiquée. L'utilisation de godemichets en bois ou en cuir trempé préalablement dans de l'huile était également de la partie.
L'homosexualité n'était pas tabou dans la culture grecque, en particulier chez les hommes. Les lesbiennes étaient appelées "tribas" qui vient du verbe "frotter". Le mot lesbienne apparaît au XIXème siècle, dérivé de Lesbos, l'île de la poétesse grecque Sappho, auteur de célèbres poèmes dédiés aux femmes (VIème siècle avant J.C).
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Heureusement les mÅ“urs évoluèrent et l'attrait pour les femmes devint de plus en plus grand notamment grâce aux arts (littérature, peinture, sculpture). Les formes devinrent à la mode surtout au niveau du fessier. Voilà pourquoi de nombreuses statues grecques sont joliment rondes.Â

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À Rome à la même époque, les femmes romaines bénéficiaient d'un peu plus de liberté surtout si elles appartenaient à une famille aisée (elles pouvaient divorcer, posséder des biens immobiliers et socialiser librement avec d'autres hommes).
Cependant il y avait une différence entre la femme-épouse et la femme-prostituée en matière de pratique coïtale. Il était convenu que les hommes devaient approcher la femme par-derrière, bien cambrée et que celle-ci ne devait pas bouger pendant l'acte, afin de ne pas nuire à la conception. Il était également proscrit d'y prendre du plaisir. C'est pour ne pas tomber enceinte que les prostituées se tortillaient dans tous les sens.
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La mode romaine était aux parties génitales rasées voire à l'épilation intégrale aussi bien pour madame que pour monsieur. Procédé considéré comme plus hygiénique et plus esthétique.
Les bains permettaient à tous d'admirer la pilosité des uns et des autres.
Le poète Martial, célèbre à son époque pour ses satires sur la vie quotidienne, ne s'est pas privé de commentaires: "Ton pénis et ton nez sont si longs, Papylua, que tu peux renifler ton engin dès que tu as une érection".
Dans la même veine, il avait demandé ceci au général Labienus: "Tu t'épiles la poitrine, les jambes et les bras; ton pénis rasé est entouré de poils courts; on sait bien que c'est pour plaire à ta maîtresse. Mais dis-nous donc, Labienus, ton cul rasé, c'est pour plaire à qui?"

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MOYEN-ÂGE
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Le Moyen Âge est une période d'austérité et de discipline en matière de sexualité.
Saint Augustin, l'un des pères fondateurs de l'Église chrétienne, avait une idée maîtresse (si je peux me permettre): oui au sexe mais seulement dans le cadre du mariage, à des fins procréatrices et sans y prendre trop de plaisir. Il n'était donc plus question de masturbation, fellation, sodomie et préliminaires. Seule la position du missionnaire devait demeurer. (Ça devait être un sacré fou fou ce saint Augustin).

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Les annonces du clergé étaient alors plus respectée que les lois de l'État. Voilà pourquoi la quasi-totalité de la population européenne se retrouva rapidement à vivre dans l'immoralité du plaisir.
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L'Église médiévale n'était pas aussi dure qu'elle y paraissait et fermait souvent les yeux sur ce qui se passait réellement (pourquoi édicter des lois si on ne peut pas soi-même les enfreindre? Tiens ça me rappelle quelque chose ...).
La prostitution, par exemple, était un crime mais restait tolérée comme un mal nécessaire. Oui parce qu'ils avaient peur que sans prostituées, les femmes "respectables" puissent courir un danger. Quand Louis IX tenta de fermer les bordels parisiens, on cria au scandale, soi-disant que ces fermetures rendraient les rues dangereuses. (Les courtisanes représentaient alors 4% de la population)Â
Après tout, la prostitution n'était pas aussi grave que l'adultère, l'inceste, l'homosexualité ou pire, la contraception.Â
De plus, la femme n'était pas totalement coupable puisque, par essence elle cède facilement à la tentation (Merci Ève) mais elle peut aussi se repentir comme Marie Madeleine.
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Un peu plus tard, au temps de chevaliers, l'Europe donnera naissance à l'amour courtois. Il s'agit d'un amour sensuel voué à une femme idéalisée et inaccessible, qui devait rester pur, donc platonique et sans possibilité de concrétisation charnelle. Soit tous les attraits de la passion, du désir, de la jalousie mais sans libération physique.
Je vous l'accorde, l'amour courtois aurait bien du mal à revenir à la mode à notre époque !
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Cette naissance est arrivée au travers de la dévotion faite à Marie, médiatrice sacrée entre l'Homme et Dieu, idéalisation de la féminité et de la maternité, devant laquelle s'efface toute connotation sexuelle.

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L'amour courtois est un en somme un jeu. Jeu quasiment sadomasochiste où l'équilibre se trouve dans la durée du plaisir. Il faut que cela dure le plus longtemps. Attention, madame doit être insaisissable mais trop pour ne pas décourager monsieur.
Les amours de Lancelot et Guenièvre, de Tristan et d'Iseult ou encore Le roman de la rose, entre autres, sont les fruits de la littérature courtoise.

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L'expression "Je me la paierais bien", malgré ce qu'elle sous-entend ne vient pas de la prostitution mais bien de l'amour courtois.Â
Toucher la chevelure de sa dulcinée était un acte fort, une manifestation presque déplacée de l'amour que l"on éprouvait pour une femme. Il n'était donc pas question d'argent mais plutôt de coiffure et plus exactement de peigne. C'est ainsi qu'à l'origine, après avoir touché les cheveux de sa belle, le chevalier amoureux n'osait espérer pouvoir la peigner. L'expression "je la peignerais bien" a été trivialement déformé au fil du temps pour devenir "je me la paierais bien", beaucoup moins romantique !
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Les premières gravures érotiques associées à un texte pornographique en Europe apparurent sous le plume de l'italien Pierre l'Arétin en 1492 (certaines sont encore visibles au British Museum).
Voici un extrait de l'un des sonnets extraits de "Les sonnets luxurieux"
"Fourre-moi un doigt dans le cul, mon vieux chéri,
Et petit à petit pousse-moi ta pine.
Lève bien cette jambe et fais bon jeu,
Puis lime, sans faire de compte"
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Le Pape de l'époque n'a pas dû être super content.
La légende dit que Pierre d'Arétin serait mort suite à une crise de rire provoquée par une blague bien graveleuse que lui racontait un ami. Il serait tombé de sa chaise et se serait fendu le crâne.Â
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Voici un rapide aperçu de certaines mœurs liées à la sexualité de nos aïeux. Nous en rions principalement aujourd'hui car nos pratiques ont beaucoup changé. N'oublions pourtant pas que le sexe n'a pas été et n'est toujours pas, pour certains et certaines, une partie de plaisir.
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